Avec l'enseigne Bon Appétit, Carrefour s'inspire des codes à succès de la restauration rapide. Son précédent concept, Bon App, ne décollait pas et le distributeur ne pouvait plus laisser Casino investir seul le créneau.

Carrefour a ouvert son premier "restaurant" Bon Appétit le 12 juin, rue Rambuteau à Paris. Sur 63 mètres carrés, l'établissement dispose de 20 places assises à l'intérieur et 15 places en terrasse.

Comme dans la plupart des concepts récents de restauration rapide, les clients commencent à composer leur menu en libre-service puis passent au comptoir, qui fait office de coffee shop et de caisse.

Depuis une dizaine d'années maintenant, Carrefour cherche à investir le créneau de la restauration rapide. En 2009, le distributeur avait ouvert une première cellule snacking dans la galerie marchande de son hyper de Paris Porte Auteuil. De 2010 à 2012, il a tenté l'aventure Carrefour City Café, un modèle hybride mêlant supérette et restauration sur place.

Trop connoté grande distribution

L'enseigne Bon App a ensuite vu le jour en 2015. Mais ces petits magasins dédiés au snacking, avec leur offre entièrement en libre-service, évoquaient encore trop la grande distribution pour faire de l'ombre aux spécialistes de la restauration rapide. Le marché de la pause déjeuner n'est pas celui des PGC : l'ambiance du lieu, le plaisir du moment, sont au moins aussi importants que le prix dans le choix des clients.

Dans un registre différent, en galerie marchande, Carrefour a imaginé en 2016 quelques restaurants signés Hyper Bon, sans lien direct avec l'enseigne d'hypers. Avec quelques plats servis chauds et des smoothies préparés sur place.

En 2017, Carrefour a revu sa copie sur Bon App. En modernisant le look des points de vente, en réintroduisant des espaces de restauration sur place et en apportant des produits plus originaux dans son offre (toujours en libre-service). Sans plus de succès. Le parc, qui comptait six unités à l'automne 2017, arrivait péniblement à 10 sites au printemps 2019.

Carrefour s'est donc résolu à s'éloigner encore plus de l'univers des GMS. Et le magasin Bon App de la rue Rambuteau a été transformé du sol au plafond afin de donner naissance à Bon Appétit.

Pour l'ambiance, on est à mi-chemin entre le bistrot branché et la sandwicherie britannique. Au comptoir, on se fait servir des cafés et des thés bio. Les sandwiches sont assemblés sur place, à base de produits Filière Qualité Carrefour et Reflets de France. Des partenariats achèvent de casser les codes de la grande distribution, avec des chefs pour des recettes "signature" et Rachel's cake pour l'offre de pâtisseries américaines. Les prix, eux, restent compétitifs, les formules repas allant de 5,50 à 8,50 euros.

Une expertise de restaurateur

Ce concept Bon Appétit fait écho au développement des espaces Autour du Comptoir, installés dans les galeries des hypers Carrefour. L'ensemble donne à voir une ambition réelle du distributeur sur la prise de nouvelles "parts d'estomac".

"Nous nous donnons les moyens d’enrichir notre expertise de distributeur par celle de restaurateur", confirme Alexandre de Palmas, le directeur exécutif de Carrefour Proximité France. Il s'est d'ailleurs appuyé sur une équipe issue de la restauration pour imaginer Bon Appétit.

Le distributeur n'est visiblement pas resté insensible aux initiatives de Casino, dont les enseignes Monoprix et Franprix ont déjà pris ce virage vers la restauration. Avec l'ouverture de vraies salles ou cantines pour la première, et un investissement hors norme pour la seconde, dont les magasins pourtant petits accueillent désormais une offre de produits chauds et des espaces de places assises.