Qui répercute les hausses du porc ?
Tous les distributeurs ne renégocient pas aussi vite les tarifs pour intégrer la hausse des cours du porc. Les industriels s'impatientent. Près de la moitié d'entre eux n'ont pas encore signé un nouvel accord.
La carcasse de porc a pris 30 % en trois mois à peine. L'inflation qui sévit à l'échelle mondiale crée de nouvelles tensions entre les distributeurs et leurs fournisseurs.
D’après un sondage mené par l’interprofession des charcutiers, la FICT, auprès de ses adhérents, 51 % des fournisseurs ont pu renégocier favorablement leurs tarifs. 10 % ont vu leur hausse acceptée en totalité, les autres, partiellement. Seulement 5 % ont essuyé un refus. Il reste 44 % des entreprises pour lesquelles les accords n’ont pas encore été réévalués.
Pour la FICT, l’engagement des enseignes est hétérogène. Système U et Intermarché ont déjà communiqué sur leur soutien à la filière. « Aujourd’hui, les 40 accords signés par Intermarché avec 24 fournisseurs de toutes tailles (filiales de groupes agroalimentaires, petites et moyennes entreprises) représentent plus de 90% de son chiffre d’affaires en charcuterie, » explique le distributeur. L’interprofession reconnaît que U et Intermarché ont « accepté des hausses significatives à de nombreux fournisseurs », mais demande aux Mousquetaires de poursuivre les efforts sur les MDD. La FICT apprécie aussi le soutien sans condition de Lidl et Métro. Auchan et Aldi se font également remarquer positivement, avec des réserves néanmoins en ce qui concerne les contrats des marques nationales. A la mi juin, ces distributeurs avaient déjà revalorisé plus des deux tiers de contrats.
Pour les autres enseignes, les renégociations trainent, avec moins de 30 % des accords signés. Carrefour (sur les marques nationales) et Leclerc (sur les MDD) ne s’illustrent pas par leur réactivité. Casino et Cora, enfin sont désignés comme les moins réactifs.
La crise porcine s’annonçant durable, la hausse demandée aujourd'hui ne sera pas la dernière.
Faut-il pour autant s’attendre à une augmentation des prix en linéaires ? Le rayon charcuterie étant le second le plus rémunérateur en magasin, selon le rapport 2018 de l’Observatoire de la Formation des Prix et des Marges, les fournisseurs espèrent que les enseignes réduiront leur marge pour préserver les prix des produits sous certains seuils psychologiques.