Une journée avec un chef de rayon Leclerc

6 avril 2005 - Elodie Martel

Lundi 7 mars5 H 30

Arrivé depuis une dizaine de minutes, Philippe Liénard, le chef de rayon charcuterie-traiteur trad du Leclerc de Vitry-sur–Seine accueille Linéaires d’une franche poignée de main. Il n’est pas le premier à pénétrer dans le magasin. Les équipes des rayons libre-service s’y affairent depuis 4 h 00 déjà. Un petit bonjour à tout le monde en passant et, quatre à quatre, Philippe monte l’escalier qui le mène à son bureau. Il enfile sa blouse de travail et, surtout, prend connaissance du chiffre d’affaires réalisé le samedi. « Je pense qu’on a très bien travaillé », se réjouit le chef de rayon. Et pour cause. Sur l’écran de l’ordinateur, l’évolution s’affiche : + 21 %. De quoi décrocher un large sourire. La journée commence bien.

6 H 00

Dans trois heures, le magasin ouvrira ses portes. Philippe rejoint son équipe (deux employés). Après leur avoir fièrement communiqué les résultats du samedi, il leur demande comment s’est passée la fin de journée. Un peu bousculée à en croire le récit des employés. Mais l’heure n’est pas aux palabres. Après s’être lavé les mains « par principe autant que pour donner l’exemple », le chef de rayon s’attaque aux vitrines d’animations restées dans l’allée centrale. « La semaine dernière avait lieu le Salon de l’Agriculture, explique-t-il, j’ai donc organisé une animations « produits de nos régions »avec des fournisseurs. Un succès ! ». L’étincelle dans le regard ne trompe pas. L’homme aime les défis et son métier. « De toute façon, si une seule facette du métier me pesait, je changerais », confiera-t-il plus tard.

6 h 50
Plusieurs allers et retours en réserve plus tard, Philippe a débarrassé l’allée centrale et peut rejoindre son équipe derrière le rayon. Dans une semi-obscurité, chacun s’occupe d’une partie de rayon pour le rendre le plus marchand possible. Philippe profite de ce moment privilégié pour délivrer les informations importantes de la semaine. Jeudi aura lieu la visite du laboratoire d’analyses. Il faudra que Martine pense à poser ses dates de vacances. Une nouvelle référence est arrivée, il s’agit du pâté landais au magret de canard, etc. Tout en parlant, Philippe évalue le niveau des stocks dans les meubles réfrigérés du rayon et en vitrine. C’est lui qui se charge d’apporter les produits manquants à ses employés. L’occasion d’aller jeter un coup d’œil en réserve et d’effectuer un premier relevé de température.

8 h 00
Après un rapide passage du chef de département, c’est au tour du directeur du magasin de venir prendre quelques nouvelles du rayon charcuterie-traiteur. Après avoir félicité le chef de rayon pour son chiffre d’affaires, il évoque une éventuelle embauche si le stand continue à progresser de la sorte. Voilà qui met du baume au cœur ! L’heure tourne tandis que le rayon prend forme petit à petit. Il faut nettoyer tous les plats et les étagères, rafraîchir les coupes, placer les nouveautés, combler les espaces laissés vacants par les manquants, remplir les plats, vérifier les étiquettes, revoir l’implantation, etc. En fin de semaine, c’est à peu près à cette heure-là que le chef de département briefe ses chefs de rayons. A 9 heures, le rayon s’illumine. Manquent les coquilles au saumon et au surimi. « Je suis en retard », admet Philippe. Dire que s’il ne s’était pas un peu avancé samedi, il aurait dû, en plus, aller passer sa commande auprès de la centrale. Avant 9 H absolument !

9 h 15

Depuis son arrivée au Leclerc de Vitry-sur-Seine, Philippe, charcutier-traiteur de métier, met un point d’honneur à confectionner lui-même ses coquilles. « Depuis, les ventes ont au moins été multipliées par quatre », se félicite-t-il. Mais à peine a-t-il commencé que le portable se met à sonner, suivi d’un nombre impressionnant d’autres appels de fournisseurs pressés de prendre les commandes en ce début de matinée ou de représentants désireux d’obtenir un rendez-vous. Invariablement, le chef de rayon demande de rappeler plus tard.

9 H 50
Dès que les coquilles sont prêtes, elles vont regarnir le rayon en rupture. A peine Philippe a-t-il posé la dernière qu’une cliente en réclame deux. Sans doute l’attrait de la fraîcheur. Avant de ramener la desserte en réserve, il passe en revue le rayon, saluant au passage une vendeuse arrivée pendant qu’il était dans le laboratoire et donnant quelques directives. Constatant que tout se passe bien, le chef de rayon s’octroie une petite pause, à 10 H 15. Dix minutes pas plus. Juste le temps de raconter qu’il occupe son poste depuis cinq semaines seulement. Avant, il occupait un poste similaire chez Monoprix. Jusqu’au jour où, contacté par l’adhérent du Leclerc de Vitry, M. Etienne, il accepte de venir rejoindre l’indépendant, avec pour mission de relancer un rayon coupe en perte de vitesse. Depuis qu’il est arrivé, les ventes ont progressé de 40 % le premier mois et de 19 % la semaine dernière. « J’ai l’impression d’avoir aidé l’équipe à reprendre confiance, avoue-t-il en toute modestie. Des week-ends comme celui que nous venons de passer, où nous avons même du mal à répondre à l’affluence, c’est forcément stimulant ».

10 H 30
Son café à peine terminé, Philippe se précipite en rayon. Un rapide coup d’œil lui suffit à évaluer le niveau de remplissage. Les vendeuses en profitent pour lui demander de rapporter quelques produits, qu’il s’empresse d’aller chercher en réserve. Un dernier tour devant le rayon pour s’assurer que rien ne cloche et il entreprend de faire la vaisselle dans le laboratoire. « Je n’aime pas laisser des ustensiles ou des plans de travail sales, confie-t-il. Un responsable se doit d’être le plus irréprochable possible s’il veut que son équipe le suive. C’est également pour donner l’exemple que je passe du temps en rayon avec mon équipe. C’est plus facile pour souder et motiver tout le monde ». Sans cesse interrompu par le portable, le chef de rayon met près de trois quarts d’heure pour ranger et nettoyer le laboratoire. Et s’entaille le doigt au passage.
11 H 25
Avant de remonter dans son bureau où un représentant l’attend depuis une demi-heure déjà, le chef de rayon marque une pause en rayon. Juste le temps de discuter avec le réparateur venu vérifier le bon fonctionnement des plaques chauffantes de l’espace traiteur chaud. Puis direction le poste de sécurité, seul endroit du magasin où il trouvera de quoi arrêter l’hémorragie occasionnée par sa coupure. Il ne recevra le premier fournisseur qu’un peu avant 12 H 00. En une heure, trois représentants se succèdent dans son bureau. Au menu : présentation des gammes, des nouveautés et… négociations tarifaires, « importantes, surtout chez Leclerc ». Entre deux, il fait un passage éclair en rayon. Constatant que le stock est au plus bas du côté du frais-emballé, il suggère à un de ses employés d’aller préparer quelques barquettes en laboratoire. « Je n’aime pas ordonner, je préfère que les employés proposent d’eux-mêmes de remédier au problème du moment », prend-il le temps de glisser.
13 H 15
A cette heure-ci, beaucoup ne penseraient qu’à se restaurer. Pas Philippe Liénard. C’est à se demander ce qu’il prend au petit déjeuner pour tenir le rythme comme il le fait ! Armé d’un tire-palette, il entreprend de vider une palette arrivée le matin. Bras nus alors qu’il fait à peine 2° C, il s’agite pendant 45 minutes dans la réserve. Sans s’interrompre une seconde, il empile les jambons, range les pâtés, aligne les boîtes de plats préparés, surveillant au passage que les rotations ont été correctement effectuées. La réserve semble pleine à craquer. « Moi aussi j’avais du mal à m’imaginer qu’on pouvait passer de tels volumes en rayon avant d’arriver chez Leclerc, s’amuse le chef de rayon. Mais il y a à peine deux jours de stock ».

14 H 00

Philippe pose la palette vide sur le quai de réception, enfin décidé à écouter son estomac. « D’habitude, je mange en une demi-heure », note le chef de rayon. Exceptionnellement, l’intermède va durer… 45 minutes, qu’il met à profit pour expliquer ce qui l’a motivé à changer d’enseigne. Un seul mot suffit pour résumer les raisons de son arrivée chez Leclerc : liberté. « Je n’avais jamais connu une telle liberté d’action. Je peux décider de lancer une animation ou de tester un nouveau produit quasiment du jour au lendemain. Il me suffit juste de trouver le bon fournisseur », confie-t-il. Et des idées d’animations, Philippe n’en manque pas : spécialités péruviennes, créoles ou mexicaines, fabrication de pizzas sur place, création d’un bar à sushi, etc. Le chef de rayon entend tester tous les concepts à la mode.

14 h 45
Retour en rayon. Premier réflexe : Philippe fait le tour des vitrines avant de se rendre en réserve chercher ce qui manque. En chemin il se met à faire l’inventaire du matériel qu’il a commandé pour équiper le laboratoire réfrigéré. « C’est ce que j’aime aussi chez Leclerc, on n’ a pas peur d’investir pour l’avenir », ajoute-t-il. Satisfait de l’allure de son rayon, il le quitte. Direction : le bureau.

15 H 15
Après avoir pris connaissance des nombreux fax en provenance des fournisseurs et de la centrale, Philippe prend le temps de re-saisir son inventaire de fin de mois. Tout est géré informatiquement. Un code barre est attribué à chaque référence, ce qui permet de saisir les stocks grâce à un terminal informatique. L’ordinateur calcule ensuite le stock, qu’il doit comparer au stock théorique. A 16 h 00, Philippe reçoit un quatrième fournisseur, auquel il consacre une bonne demi-heure. Au passage, celui-ci lui apprend qu’il a dû recevoir des colis de spécialités bretonnes, dont la mise en rayon lui incombe.

16 h 45
Pas une seconde à perdre. Interpellé, Philippe trouve rapidement ses colis et se dépêche d’aller les mettre en rayon. Les dates sont trop courtes en traiteur pour laisser dormir de la marchandise en réserve ! Problème, il ne trouve pas les étiquettes-prix.

17 H 15
Pour retirer les étiquettes prix, Philippe doit retourner dans son bureau, saisir les codes sur son ordinateur, après avoir demandé conseil à son voisin de bureau, le chef de rayon surgelés. Pour obtenir les étiquettes, il doit attendre qu’une autre de ses collègue lui montre comment fonctionne l’imprimante. En cinq semaines, il n’a pas encore eu le temps de tout intégrer du fonctionnement de l’outil informatique, d’autant que les étiquettes-prix restent peu utilisées en rayon traditionnel. A 17 h 30, les étiquettes sont enfin prêtes. En retournant en rayon, Philippe constate avec une satisfaction non dissimulée que les clients affluent. En ce jour de rentrée de vacances, il s’y attendait un peu. Pas question de décevoir tous ces chalands en les faisant attendre trop longtemps. Du coup, Philippe décide de rejoindre son équipe derrière le rayon, histoire de donner le tempo et un bon coup de main. Aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau, il ne quittera plus « la vente » avant… 20 H 50. Un petit coup d’œil au chiffre d’affaires du jour pour faire de beaux rêves : le compteur affiche + 36 %. Même avec 14 heures de travail dans les jambes, Philippe a encore la force de sauter de joie !

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