Pourquoi Leclerc est le moins cher
Un champion en sursis
"Pour trouver moins cher, vous pouvez toujours courir !". Pour son opération anniversaire en septembre dernier, Leclerc avait su trouver les mots justes. De fait, sur le tour de piste du discount, le distributeur breton continue de faire la course en tête. En témoigne les bilans successifs de l'indice LinéairesPrix (voir encadré ci-contre). Et pourtant l'enseigne revient de loin. Que l'on se souvienne en 1996 de la nervosité du champion, bridé par la loi Galland, obligé du jour au lendemain de relever ses prix canons sur les grandes marques, son fond de commerce depuis la création du mouvement par Edouard Leclerc en 1949. Le passage à vide va durer quatre ans. Parce qu'il n'est jamais aussi performant que lorsqu'on lui met des bâtons dans les roues, l'indépendant trouve finalement un second souffle et s'extirpe du peloton de ses poursuivants en dégainant le fameux Ticket Leclerc.
Trouver les nouveaux tickets Leclerc
En mars 2001, Leclerc fanfaronne même en affirmant avoir délogé Carrefour de la première place du podium des hypers. Engagé dans le marathon sans fin des prix bas, le mouvement d'indépendant savait pourtant déjà que cette longueur d'avance finirait bien par s'effilocher. Aujourd'hui, tous ses concurrents ou presque ont repris à leur compte le Ticket Leclerc, avec plus ou moins de bonheur. Pour l'indépendant, restait donc une timbale à décrocher : faire abroger ou tout du moins réviser en profondeur la loi Galland, sa bête noire.
Cinq mois après la parution de la circulaire Dutreil, on en est loin. Certes, Michel-Edouard Leclerc a au moins remporté une victoire morale, toute symbolique. " (...) le pouvoir d'achat [du consommateur] doit être une priorité forte ", lit-on en préambule de la circulaire du Secrétaire d'Etat aux PME, au commerce et l'artisanat. En cela, Renaud Dutreil aurait presque pu s'inspirer de l'une des nombreuses diatribes du distributeur contre la loi Galland : " C'est du consommateur qu'il faut parler, c'est lui qui est pénalisé ". Reste qu'au final, le bilan est plutôt maigre pour Leclerc et ses concurrents. La circulaire officialise bien le transfert d'une partie de la marge arrière vers la négociation tarifaire. Dans l'esprit de la recommandation ANIA-FCD. Mais le train de sénateur de ce mouvement de bascule - 1 à 2 % par an - est loin de satisfaire un sprinteur comme Leclerc.
Surtout, le distributeur n'a rien obtenu sur l'essentiel, à savoir un retour à une libre négociation des conditions générales de vente. " (...) le vendeur n'est pas tenu d'accepter les demandes particulières de l'acheteur ", réaffirme la circulaire. Sur ce plan, rien n'a changé. A son grand dam, les multinationales restent aux commandes. En attendant une bien hypothétique abrogation de la loi Galland, Leclerc est donc un champion du discount en sursis, condamné à trouver les nouveaux tickets Leclerc qui lui permettront de tenir ses rivaux en respect.
6 fois vainqueur de l'indice LinéairesPrix
Six titres consécutifs ! Depuis la création en 2000 de LinéairesPrix *, l'indice semestriel mesurant la performance discount des enseignes, Leclerc est arrivé systématiquement en tête des enseignes les moins chères de France. Lors de la dernière livraison de l'enquête en juillet-août dernier, l'enseigne d'indépendants avait décroché un indice de 97,8, soit plus d'un point de mieux que son poursuivant Carrefour. Malgré le lissage des prix sur les grandes marques consécutif à la loi Galland, Leclerc a toujours réussi à maintenir ses concurrents à distance respectable. L'enseigne est ainsi la seule à rester invariablement sous la barre des 98 à l'indice LinéairesPrix.
* Echantillon de 102 grandes marques et premiers prix en épicerie, produits frais, surgelés et liquides.