« Système U vise 2 Mds de CA en e-commerce d’ici cinq ans, soit le double d’aujourd’hui »
Vous avez fait le déplacement pour l’inauguration de l’Hyper U les Arcs (83). Dans quel but précis ?
L’inauguration de l’Hyper U les Arcs est la première depuis la crise du covid. Je suis venu soutenir les associés, Nicole et Stéphane Benhamou, que je connais bien. Ils ont réalisé un bel agrandissement pour offrir un hypermarché de 7500 m2 qui reste à taille humaine et correspond bien aux valeurs de Système U : être une place du village rendant une multitude de services aux clients et leur donnant du plaisir de manger.
Ce genre d’initiative doit être un moteur pour notre groupement. J’invite mes collègues à investir dans leurs magasins pour reprendre un temps d’avance et préparer l’avenir. Les taux d’intérêt sont encore bas, c’est le moment.
Les taux sont bas mais les difficultés pour recruter sont bien réelles. Quel regard portez-vous sur cette problématique ?
Les ressources humaines sont un défi majeur aujourd’hui pour nos magasins. J’ai de nombreux collègues qui craignent de ne pouvoir maintenir le niveau d’exigence qu’ils se sont fixés faute de bras suffisants. Pour la première fois, un hypermarché situé dans l’Ouest a dû fermer son stand boucherie pendant 15 jours cet été, c’est historique. La pénurie de main-d‘œuvre concerne tout le monde et c’est encore plus compliqué dans les bassins de plein emploi. Certains pratiquent la double embauche pour un seul poste afin de pallier les défections qui sont très nombreuses.
Nos adhérents doivent créer un vrai projet d’entreprise pour séduire et garder les nouvelles recrues, avec de la formation et des perspectives de carrière. Ceux qui l’oublieront n’y arriveront pas. Pour cela, ils peuvent s’appuyer sur Force U. Les CFA que nous avons créés sur les métiers de la boucherie, la boulangerie et la poissonnerie sont aussi de très bons outils.
Système U gagne des parts de marché depuis de nombreux mois. Quels sont les leviers pour maintenir cette dynamique ?
Le format de proximité doit permettre à l’enseigne de gagner encore du terrain. Nous lançons un vrai appel au réseau pour encourager les associés qui possèdent un hyper ou un supermarché à ouvrir un U express ou un Utile. Nous avons un objectif de 900 unités pour environ 820 aujourd’hui. La France se déplace, Paris se vide. Il existe de nombreuses zones où la création d’une supérette est devenue possible.
La structure U Proximité France permet aujourd’hui de proposer un modèle rentable. Notre nouveau défi est la conquête de la proximité rurale. Il faut aussi repenser la proximité urbaine qui est bousculée, notamment par l’essor du quick-commerce.
Comment analysez-vous ce succès du quick-commerce ?
Voir des entreprises qui lèvent 950 millions d’euros sans rentabilité est assez déconcertant. Mais nous avons un autre modèle à défendre que le business de la flemme. Notre part de marché en e-commerce est bien inférieure au score de 12 % que nous obtenons en magasins physiques. Notre objectif est de doubler notre chiffre d’affaires dans les cinq ans pour atteindre 2 milliards d’euros. Nous venons de valider notre feuille de route pour cela.
Par quels moyens comptez-vous atteindre cet objectif de 2 Mds€ ?
Notre réseau a une grosse marge de progrès sur la montée en charge des drives. Aujourd’hui, environ un tiers des magasins n’exploitent pas leurs capacités au maximum. Certains ont encore des créneaux fermés le samedi matin. Nous devons aussi développer la livraison à domicile, y compris en dehors des agglomérations, grâce notamment à des prestataires comme Yper ou Shopopop avec qui nous travaillons déjà.
Nous allons aussi progresser sur la qualité de notre site, vis-à-vis notamment des fournisseurs. Nous sommes en retard par exemple sur la vente de bannière. Enfin nous devons améliorer notre productivité par la technologie et par de nouvelles organisations.
Sur le modèle de l’entrepôt partagé par des associés lyonnais ?
Pas nécessairement. Ces associés ont fait le choix de « donner » leur chiffre d’affaires au GIE qu’ils ont créé ensemble. D’autres modèles sont en réflexion, qui consistent à regrouper seulement la préparation de commandes, chacun gardant son chiffre d’affaires. Nous avons créé un lab innovation au sein du GIE informatique du groupement, qui apporte des solutions innovantes au service du e-commerce et du business en général.
Les équipes ont par exemple développé, grâce à un algorithme, un outil de prédiction des ventes promos, notamment sur des offres encore jamais vendues par le magasin. Le lab innovation est aussi à l’origine du site UcontactPME.fr que nous venons de créer pour répondre à une demande de la Feef.
Quel est l’objectif du site Ucontactpme.fr ?
Système U est numéro un sur l’offre locale et nous voulons le rester en facilitant notamment le référencement des PME. L’inscription sur notre site facilite la prise de rendez-vous. Nous nous engageons à leur répondre sous deux semaines. Quelques jours après la création du site, nous avons reçu plusieurs centaines de réponses.
En décembre, nous allons mettre à disposition de ces PME des statistiques de vente pour qu’elles connaissent le niveau de détention de leurs produits et leurs performances. Les PME sont les oubliées de la loi Egalim2 qui leur complique énormément la tâche car elles ne sont pas staffées pour répondre à toutes les nouvelles exigences. Il est important pour nous de les soutenir.