Petit à petit, Grand Frais devient une grande enseigne
Un peu partout en France, les implantations de Grand Frais animent les débats municipaux, notamment dans les villes moyennes. À Douai (59), Pontivy (35) ou Charleville-Mézières (08), l’enseigne, qui arbore pourtant les codes d’un spécialiste des produits frais, rebute certains maires au même titre que n’importe quel groupe de distribution alimentaire.
Deux mois après son inauguration à Lannion (22), la municipalité demandait encore au Conseil d’État la fermeture du magasin ! « S’ils ouvrent, je ferme », clament les commerçants de Pontivy sur les réseaux sociaux. À Fougères (35), le maire lutte bec et ongles contre le projet de Grand Frais situé à Beaucé, une commune toute proche. Et ce, malgré un permis de construire accordé. Selon Ouest-France, après un recours gracieux, l'élu entend engager une action auprès du tribunal administratif de Rennes. Parmi les raisons principales invoquées figurent la préservation du commerce de proximité, et, souvent, l’ouverture le dimanche matin. Celle de Grand Frais rouvre les débats pour Leclerc, Intermarché et consorts.
Entre revitalisation des centres-villes et convention pour le climat
Entre la quête de revitalisation des centres-villes et les retails parks dans le viseur de la convention pour le climat, les recours en commission nationale d'urbanisme commercial (CNAC) devraient se multiplier. Le Premier ministre Jean Castex a adressé fin août une circulaire aux préfets en ce sens, les incitant à faire usage de leurs pouvoirs pour « limiter l’artificialisation des sols générée par les équipements commerciaux soumis à autorisation d’exploitation commerciale ».
À ce jeu, malgré son image de spécialiste, Grand Frais bénéficie désormais du même traitement que Lidl ou Carrefour. Il faut dire que l’enseigne – dont le chiffre d’affaires a bondi de 35% entre 2017 et 2019 pour atteindre 2 Mds€ selon les estimations de Linéaires – connaît une croissance impressionnante. En trois ans, 50 ouvertures portent le parc à près de 240 magasins en 2020. Et selon l'Agefi, la société Prosol actuellement en vente, qui exploite les rayons fruits et légumes, poissonnerie et crémerie de Grand Frais, serait valorisée entre 2,5 et 3 Mds d’euros. Contre 1,4 Md€ lors de son rachat par le fonds d’investissement Ardian en 2017.