Pesticides : le vrai fond de la polémique

21 février 2018 - B. Merlaud

Pesticides : le vrai fond de la polémique

L’association Générations Futures a créé un incroyable sentiment de psychose autour des pesticides dans les fruits et légumes, grâce aux raccourcis opérés par les médias grand public. Les chiffres à la base de l’étude sont sérieux, pointent quelques vrais dérapages, mais ne sont pas assez précis pour en tirer des conclusions tranchées.

Générations Futures dit s’appuyer sur les très officiels plans de surveillance annuels menés par les services de la répression des fraudes. Ces plans ont effectivement vocation à balayer un champ large, plus ou moins représentatif de l’offre sur le marché français. La DGCCRF, il faut le savoir, complète ces analyses par des plans de contrôle plus ciblés sur des produits à risque, qui font monter les taux de non conformité, mais qui ne sont normalement pas inclus dans les plans de surveillance.

Va donc pour la représentativité des échantillons retenus par Générations Futures, compilés qui plus est sur cinq ans pour plus de robustesse (2012-2016).

Que disent les résultats de l’étude ? D’abord, que 73% des fruits et 41% des légumes analysés contiennent des résidus de pesticides. Ce qui est… parfaitement normal.

On peut même être agréablement surpris de constater que 97% des asperges, 94% des choux-fleurs ou 77% des avocats, par exemple, ne présentent aucun résidu identifiable.

Laisser les médias s’empatouiller

Les pesticides sont autorisés et contrôlés, s’étonner de leur usage (et des traces qui en résultent) relèverait de la pure hypocrisie. Générations Futures ne va pas jusque là, mais laisse les médias grand public s’empatouiller dans la confusion. Ce qui sert son combat contre les produits phytosanitaires en général.

Autre faiblesse de l’analyse reprise dans les journaux : les végétaux pointés du doigt sont ceux qui présentent le plus souvent des résidus. Haro, donc, sur les raisins, les clémentines, les cerises ou le céleri branche. Mais l’association ne dit rien des taux effectivement relevés. A ce petit jeu, est-on sûr que les fruits ou les légumes condamnés sont effectivement les plus "chargés" ? Non.

3% de non conformité

Les taux de produits réellement non conformes à la réglementation, eux, sont bien plus faibles. 2,7% des fruits et 3,5% des légumes prélevés présentent des résidus supérieurs aux limites maximales légales.

Ces anomalies sont condamnables sans nuance. Mais l’étude ne dit pas non plus d’où viennent les fruits et légumes incriminés. Inquiets et vexés, les producteurs français multiplient les contre-feux. Ils récusent les amalgames, avançant que les taux de non conformité sont trois fois plus élevés sur les produits d’import que sur les fruits et légumes nationaux.

Interfel, l’interprofession nationale, estime que Générations Futures ne fait qu’enfoncer "des portes ouvertes", dans "une interprétation opportuniste à trois jours de l’ouverture du salon de l’agriculture".

Pierre-Yves Jestin, le président de la coopérative Savéol, invite de même "les associations donneuses de leçon" à "agir contre l’importation de fruits et légumes venus de pays aux normes laxistes".

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