Les pratiques moins généreuses de l'anti-gaspi

12 février 2019 - B. Merlaud

Retrait de fruits et légumes dans un hypermarché Leclerc

L'étude annuelle Ipsos/Comerso dresse l'état des lieux des pratiques anti-gaspi en GMS. Mieux organisés en interne, les magasins donnent moins aux associations et accordent moins de rabais sur les dates courtes. La valorisation des biodéchets se développe, mais 59% des points de vente sont encore dans l'illégalité.

Spécialisé dans la valorisation des invendus, Comerso permet notamment de professionnaliser les pratiques des magasins et des associations. En décembre 2018 et janvier 2019, 78 directeurs ou responsables qualité d'hypers et de supermarchés ont été interrogés pour cette étude (qui ciblait aussi, de façon séparée, les grandes surfaces spécialisées, textile en tête).

Comme l'année précédente, l'enquête met d'abord en évidence la généralisation des bonnes pratiques anti-gaspi dans les magasins alimentaires. 96% des managers interrogés organisent le don d'invendus aux associations (+2 points) et 92% stickent les dates courtes en rayon (le même score qu'il y a un an).

La formation du personnel et/ou la nomination de coachs anti-gaspi fait un bond en avant, pratiquée dans les trois quarts des magasins (contre la moitié seulement du parc il y a un an). 76% des distributeurs interrogés, également, n'hésitent pas à recentrer les assortiments pour limiter le gaspillage (+7 points).

Moins de dons, moins de rabais

Autre enseignement de l'étude : l'efficacité croissante des actions anti-gaspi a pour conséquence de limiter les dons et les rabais.

20% des distributeurs, qui se félicitent par ailleurs d'avoir amélioré leurs pratiques, ont calculé qu'ils donnaient désormais moins qu'avant aux associations (ils sont aussi nombreux que ceux qui disent donner davantage). Pas par choix, mais parce que le stickage des produits, par exemple, limite les invendus.

Un stickage qui lui-même devient moins généreux. L'an dernier, 46% des distributeurs interrogés disaient offrir des rabais de 40 à 50% sur les dates courtes et 40% se contentaient de 20 à 30% de réduction.

Aujourd'hui, ces 20 à 30% de ristourne sont devenus la norme, adoptés par 75% des professionnels. On ne trouve plus qu'un quart des magasins pour offrir encore 40 ou 50% de remise.

Selon les calculs de Comerso, un point de vente qui brade ses dates courtes sauve déjà 70% de ses invendus de la poubelle. Le don seul aux associations, lui, permet de "remettre dans le circuit" 60% des produits retirés des rayons. Le cumul des deux pratiques ne laisserait plus que 10% de produits pour la poubelle.

La valorisation des biodéchets obligatoire

Et encore, à ce stade, il est toujours possible de recycler ses déchets dans une filière de valorisation. C'est même obligatoire depuis 2016 pour toute entreprise produisant au moins 10 tonnes de biodéchets par an : tous les magasins de plus de 400 mètres carrés, autrement dit, sont concernés.

Une grande majorité des distributeurs, pourtant, n'a pas encore franchi le pas. Interrogés pour la première fois sur la valorisation des biodéchets, 59% des responsables en magasins reconnaissent n'avoir rien mis en place. Les 41% qui l'ont fait, eux, ont surtout choisi la méthanisation, devant le recyclage en filière animale ou en compostage.

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