Le fruit de l’histoire
Il n’a toujours pas de nom d’usage, mais il est en train de conquérir un statut de concept à part entière. Le format qui tourne autour des 3 000 - 5 000 m2 concentre toutes les attentions depuis déjà trois ou quatre ans. Pour les enseignes de supermarchés, c’est la conséquence logique d’une course aux agrandissements qui n’a jamais cessé depuis les années cinquante. Quant aux hypermarchés, ils trouvent là un moyen de gagner de nouveaux mètres carrés, à l’heure où les extensions de « paquebots » (et plus encore les créations) se font rares. Bien aménagées, ces surfaces intermédiaires associent de façon idéale le choix, les services d’un hyper et la proximité, la rapidité de courses d’un super.
Les Leclerc, Hyper U et dans une moindre mesure Géant sont des spécialistes historiques du moyen format. « Leclerc est fort sur ce créneau parce que nous sommes surtout implantés sur des villes moyennes, relève un adhérent. Dans les grandes villes, les emplacements ont été pris par les groupes intégrés, qui se sont lancés avant nous dans l’hypermarché. » L’analyse vaut aussi pour Géant et explique sa taille moyenne d’un peu plus de 7 000 m2, quand Carrefour, Auchan et Cora naviguent entre 9 000 et 10 000 m2. Hyper U (4 600 m2 en moyenne) reste surtout le prolongement naturel des Super U.
« Les meilleures rentabilités »
Mais les grands hypers mettent parfois, aussi, de l’eau dans leur vin. Quand Auchan a avalé Docks de France et quand Carrefour s’est marié avec Continent, les deux distributeurs ont intégré les Mammouth et les Continent, même si la taille de ces hypers restait bien en dessous de leurs standards. La plupart des petits Carrefour et Auchan actuels sont un héritage de ces épisodes.
Aujourd’hui, la recherche de mètres carrés amène les enseignes d’hypers à descendre sous la barre des 5 000 m2. Il faut dire aussi que l’attractivité des grandes unités a pris du plomb dans l’aile et, plus simplement, que la rentabilité des petits hypers est plus facile à piloter. « C’est sur le créneau des 5 000 m2 que le groupe dégage les meilleures rentabilités », confirme un baron du mouvement Leclerc.
Pour doper l’attractivité de gros Champion, face par exemple à des Leclerc plus crédibles sur le non alimentaire, Carrefour teste des conversions à son enseigne d’hyper. Après Argelès et Montélimar en 2006 (qui avaient en même temps été agrandis à plus de 4 000 m2), sept Champion sont encore passés Carrefour en juin, restant cette fois sous la barre des 4 000 m2. Leclerc fait pour sa part preuve de pragmatisme. Le distributeur a obtenu l’an dernier l’autorisation de créer dix magasins de moins de 5 000 m2, dont huit de moins de 3 000 m2.
« 300 Intermarché »
Les supermarchés, de leur côté, peaufinent des concepts à part entière pour leurs plus grandes unités. Intermarché a finalisé avant l’été la version « très grand super » de son programme MAG3, destinée aux plus de 2 800 m2. Le parc concerné avoisine les 130 magasins. « D’ici 2010, nous compterons 300 Intermarché sur le créneau 3 000 - 4 500 m2 », prédit Philipe Boutron, le président d’ITM Alimentaire.
Atac n’est pas une enseigne spécialement portée sur les gros supers et ne compte que deux Hyper Atac. Mais Simply Market, qui est amenée à la remplacer, teste déjà une variante sur 3 400 m2. Casino mise beaucoup sur Hyper Casino. Apparue en France en 2005 (elle est aussi exploitée en Suisse), la bannière compte déjà 19 unités, dont la surface est comprise entre 2 400 et 3 400 m2. Pour le groupe, ce concept est à la fois un outil de croissance interne (projets d’agrandissements de supers, créations sur 3 000 m2) que de conquête externe. Avec Hyper Casino, le Stéphanois a en effet récupéré quatre anciens Intermarché et deux anciens Atac. Deux d’entre eux pourraient rester exploités sous franchise, mais les autres ont vocation à être rachetés par le groupe.