François Hollande a annoncé au salon de l'agriculture un projet de loi qui pourrait rendre obligatoire l'affichage du prix payé aux producteurs. Une mesure censée rééquilibrer les relations commerciales, brandie pour "apaiser" le dernier round des négos.

Les petits Parisiens qui se pressent chaque jour dans le hall aux bestiaux n'ont d'yeux que pour les animaux vivants. Le grand public se délecte des huées qui ont accueilli le président de la République.

Les distributeurs, eux, ont retenu autre chose de la visite de François Hollande au salon de l'agriculture : une nouvelle saillie contre les enseignes et un aménagement annoncé de la loi de modernisation économique (LME).

Samedi 27 février, le président de la République a répondu à la colère des éleveurs avec une promesse inédite : la perspective de rendre obligatoire, auprès du public, l'affichage des prix payés aux producteurs. Il fait désormais de la LME la cause des déséquilibres, en négociations, qui pèsent sur les éleveurs. Ce qui lui permet au passage de rendre, en creux, Nicolas Sarkozy responsable de la crise actuelle (sachant qu'il lui reprochait déjà d'avoir accepté la fin des quotas laitiers).

"Avant l'été"

"J'ai annoncé que nous allions modifier la loi LME pour rééquilibrer le prix, pour que les producteurs puissent être mieux considérés, a confirmé François Hollande sur Campagnes TV (voir la vidéo ci-dessous). Cette loi, votée dans le quinquennat précédent, a permis au distributeur d'imposer ses règles. Maintenant, dans ce que je propose, on pourra faire afficher le prix producteur, pour que le producteur puisse être sûr qu'il ne va pas être la variable d'ajustement entre l'industriel et le distributeur."

"Cette loi sera votée avant l'été", a-t-il ajouté, sans donner plus de détails sur les produits concernés ou les modalités d'affichage envisagées.

En 1999, la France avait déjà rendu obligatoire un double affichage des prix des fruits et légumes. En rayon, les ardoises devaient mentionner, outre le prix de vente aux consommateurs, le prix payé aux producteurs.

Excédés par la mesure et le raccourci qu'elle véhiculait aux yeux du public, les distributeurs avaient réagi en affichant aussi, en rayon, les prix payés à chaque intermédiaire de la chaîne (expéditeurs, transporteurs, grossistes, etc.). Le balisage des prix était rapidement devenu illisible et la mesure est tombée aux oubliettes.

"Je dois dire aux distributeurs, même si je ne veux pas faire de simplification outrancière, attention à ce que vous allez faire dans les prochaines heures, parce que ça va conditionner la prochaine loi", a ajouté le président, espérant ainsi peser sur la conclusion des négociations annuelles entre distributeurs et industriels, devant se clôturer dans la soirée du 29 février.

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