Le mouvement a mis en place un outil collectif de financement
Expan U, fournisseur officiel de fonds propres
Pendant de nombreuses années, Système U s’est contenté d’un simple pacte de préférence. Une disposition censée encourager les cessions entre associés mais sans réelle dimension coercitive. De fait, le système s’est avéré un pare-feu bien vulnérable face aux offres de plus en plus déstabilisantes proposées par les groupes intégrés aux propriétaires sur le départ. Pour les repreneurs, difficile de s’aligner, sauf à s’endetter davantage et à mettre en péril l’équilibre du bilan.
C’est pour remédier à ce problème qu’en 1999, l’enseigne a demandé à chacun de ses associés de signer une offre prioritaire de vente, très inspirée de celle de Leclerc. Le cédant s’engage ainsi à présenter prioritairement son magasin au groupement et à lui céder au prix établi « à dire d’expert ». A ce jour, chez Système U, le déclenchement de ces OPV ne se serait produit qu’une dizaine de fois.
51 millions d’euros prêts à être injectés
Parallèlement à cette disposition, Système U a mis en place une structure dédiée au financement des reprises : Expan U. Un choix stratégique distinct, pour le coup, du parrainage tel qu’il se pratique chez Leclerc. « Le cautionnement ne correspondait pas à notre philosophie, explique Jean-Louis Barré, associé à Vallet (Loire-Atlantique) et président fondateur de la société en question. Nous voulions quelque chose de plus collectif, un véritable outil coopératif ».
Concrètement, chaque associé signataire de l’OPV est tenu de prendre des parts dans l’Expan U de sa région (elles sont quatre au plan national) à raison d’environ 0,2 % de son chiffre d’affaires chaque année. L’objectif est de doter la société d’un capital correspondant à 1 % du CA du groupement, ce qui devrait théoriquement permettre à l’enseigne de faire face aux besoins de ses postulants. Pour l’instant, au plan national, 51 millions d’euros ont été « livrés ».
Le capital d’Expan U est réinjecté dans les magasins qui en font la demande, directement au niveau des fonds propres. Il constitue, en quelque sorte, le troisième étage de la fusée en matière d’autofinancement. Les deux premiers niveaux étant l’apport personnel (un minimum de 150 000 à 300 000 euros sont exigés chez « U ») et le parrainage individuel, conclu avec un autre associé. Dans le cas où le repreneur est dépourvu d’autofinancement, ce qui arrive parfois avec les jeunes directeurs, Expan U peut se retrouver temporairement en position d’actionnaire majoritaire.
Vers des stratégies plus offensives ?
Le plus souvent, la participation vient se loger directement au niveau de la SAS. Dans quelques cas, cependant, l’entrée d’Expan U est limitée à l’immobilier. Dans certaines affaires, Expan U doit être en mesure de se retirer en moins de cinq ans. Dans d’autres, plus longues à se dénouer, il faudra peut-être une dizaine d’années à l’associé pour s’affranchir de cette tutelle et se constituer des fonds propres suffisants. Quand le groupement intervient de manière défensive, pour sécuriser un magasin, il peut arriver qu’Expan U s’installe au capital avant même qu’un postulant n’ait été trouvé. Dans l’Ouest, une dizaine de projets sont ainsi en portage. C’est par exemple le cas du magasin de Cholet (Maine-et-Loire), dont le dossier en CDEC et le suivi des travaux de construction ont été pris en charge par une commission d’associés. Un postulant est sur le point d’être désigné. Tous ces portages sont prévus de manière provisoire. Le groupement ne dispose d’ailleurs ni de la structure de gestion ni des moyens humains permettant l’encadrement de directeurs salariés.
Sur le papier, et sous réserve que les vases puisent communiquer de manière harmonieuse entre les quatre régions, Expan U pourrait autoriser l’enseigne à adopter des stratégies plus offensives. Cet outil lui confère, en tout cas, une surface financière non négligeable pour faire des offres et se renforcer là où elle est moins présente.
La revalorisation des parts détenues par les associés dans Expan U présente un caractère aléatoire. Elle est en effet dépendante des écarts entre les montants injectés et ceux retirés au moment de la sortie. D’ici deux ans, la société devrait s’être désengagée d’un nombre suffisant de magasins pour pouvoir se faire une idée plus précise à ce sujet.
Financement : Objectif, le plein de fonds propres
Les parrainages individuels réalisés de gré à gré entre associés constituent chez Système U un autofinancement intermédiaire entre l’apport personnel et l’éventuel recours à Expan U. Il s’agit le plus souvent d’un renfort minoritaire, prévu pour durer deux ou trois ans, et qui ne nécessite pas l’entrée du parrain au conseil d’administration. En revanche, celui-ci fournit une aide technique et conseille son filleul.
En marge des emprunts bancaires, les associés U peuvent également solliciter les prêts « participatifs » mis à disposition par la Socorec. Il s’agit d’un organisme de financement créé voici 40 ans par les groupements coopératifs pour proposer du cautionnement mutuel. Les fonds prêtés sont des créances de dernier rang, en fait assimilés à des quasi-fonds propres, et contribuant, à ce titre au fonds de roulement de l’entreprise. Ils sont néanmoins plafonnés à 380 000 euros par magasin.