Equarri-taxe : les derniers développements
Suite aux premières informations mises ligne le 14 octobre sur www.lineaires.com, Linéaires est aujourd’hui en mesure d’annoncer que, les services du Trésor ont recommencé à faire les virements aux entreprises, après une pause de deux semaines. Des décisions de dégrèvements sont notamment émises depuis le 18 octobre par la Direction des Grandes Entreprises, un service du Trésor basé à Pantin.
S’agissant de l’impact de ces remboursements sur les comptes de l’Etat, le Ministère de l’Economie et des Finances s’était empressé, quelques heures après les révélations de Linéaires, de préciser que la somme de 1,4 milliard d’euros avait déjà été inscrite au budget 2004. Mais les remboursements totaux (intérêts moratoires compris) devraient représenter 2,2 milliards (un chiffre très proche de celui évoqué devant le Conseil d’Etat par M. Goulard, le Commissaire du gouvernement). Il reste donc 800 millions à imputer sur le budget 2005.
D’autre part, l’addition pourrait se révéler encore plus lourde que prévu. En effet, certains distributeurs, qui ne croyaient pas à l’hypothèse de ces remboursements, entament tout juste leurs démarches en vue d’obtenir eux aussi leurs dégrèvements.
L’impact de ces remboursements sur les comptes de résultats des entreprises concernées va être considérable. Les deux principaux groupes cotés, Carrefour et Casino, n’ont pourtant rien laissé filtrer sur le sujet. Un silence pour le moins surprenant. D’autant que ces deux groupes, qui ont enregistré des ventes en berne au 3e trimestre, ont l’un et l’autre récemment lancé des avertissements sur leurs résultats 2004. Ce qui dégrada sensiblement l’intérêt des marchés financiers pour les deux valeurs, qui, l’une après l’autre, dévissèrent`brutalement le jour où les avertissements ont été émis.
Certes, les remboursements de Bercy constituent des profits exceptionnels. Un tiers des sommes sera par ailleurs récupéré par l’Etat au titre de l’impôt sur les sociétés. Ces remboursements devraient pourtant contribuer à doper très significativement les dividendes qui seront versés aux actionnaires au printemps 2005.
D’après les informations recueillies par Linéaires, et sous réserve que l’intégralité des remboursements soit effectuée sur 2004, Carrefour pourrait ainsi injecter plus de 400 millions d’euros supplémentaire dans son résultat 2004. Sur cette base, la manne représente 20 à 25 % du résultat net part du groupe.
Du côté de Casino, les remboursements pourraient atteindre 200 millions d’euros. Là encore à titre de comparaison, le groupe stéphanois a réalisé l’an passé 492 millions d’euros de résultat net.
Les distributeurs sont manifestement embarrassés par ces remboursements, bienvenus`en termes de profits, mais peu glorieux en termes d’image. Obligés de reconnaître qu’ils n’avaient, pour la plupart, eu d’autre choix que de répercuter le coût de la taxe dans les prix de vente, ils tentent de contre-argumenter sur un autre terrain. « Dès que Bercy a réalisé qu’il faudrait nous rembourser les sommes, la taxe sur les mètres carrés a été brutalement révisée à la hausse », note le porte-parole de l’une des entreprises du secteur.