Auchan, Géant et Carrefour dans un mouchoir de poche

Enseignes : le ton se durcit entre hypers

21 juin 2004 - Benoît Merlaud

La guerre fait rage. Au-delà des sempiternels effets d'annonces, plusieurs distributeurs ont vraiment durci leur politique tarifaire en 2004. Selon les relevés exclusifs de Linéaires, les principales enseignes d'hypermarchés, notamment, affichent des indices prix clairement à la baisse. Et ces performances ne sont pas que symboliques : les cinq premiers distributeurs du palmarès ont vu leur indice diminuer dans des proportions allant de 0,3 à 1,3 point. Des efforts significatifs ont été menés au premier semestre 2004, d'autant que les calculs n'intègrent pas les tickets et autres bons d'achat accordés aux clients fidèles.
A tout seigneur tout honneur, Leclerc reste l’infatigable leader de l'indice LinéairesPrix. Ce n'est une surprise pour personne : depuis neuf semestres que les journalistes de Linéaires pointent les étiquettes dans la France entière, le groupement d'indépendants reste seul sous la barre des 98. Mieux, il améliore encore sa compétitivité prix en 2004 (de 0,6 point), recollant avec son meilleur niveau de 2000 et début 2001 (autrement dit d'avant l'euro).

Performance historique pour Géant

Si Leclerc creuse l'écart avec la moyenne des hypers et supers, l’enseigne ne fait que consolider son avance (par ailleurs toujours aussi spectaculaire) sur ses challengers directs. Auchan et Carrefour suivent un tempo certes plus modéré (0,3 point de mieux chacun sur le premier semestre), mais Géant, par un effort considérable (- 1,3 point !), s’offre sa meilleure performance depuis la création de l’indice LinéairesPrix en 2000. Naviguant naguère plus volontiers entre 99 et 100, Géant entre aujourd’hui de plain-pied dans le club des enseignes « moteurs » sur la baisse des prix.
Les hypermarchés du groupe Casino visités par Linéaires, particulièrement agressifs, se voient crédités d’un indice à 98,6, ravissant symboliquement (à ce stade les écarts sont peu significatifs d’un point de vue statistique) la troisième place du podium à Carrefour (98,8). Il est à noter que Géant doit moins cet étonnant succès aux prix pratiqués sur le frais (plus élevés en moyenne que ceux de Carrefour ou d’Intermarché) qu’aux tarifs adoptés sur l’épicerie sèche, comparables à ceux d’Auchan.

Auchan : trois ans de redressement tarifaire

Auchan (dont, pour le coup, le secteur des produits frais est le point fort), confirme au passage son statut de deuxième enseigne la moins chère de France. Une place ravie à Carrefour durant le second semestre l’an passé et qui vient récompenser trois ans d’un travail à peu près constant de redressement tarifaire. Début 2001, les hypermarchés de la famille Mulliez s’étaient dangereusement rapprochés de l’indice 100 et se voyaient relégués… au septième rang de notre classement.
Carrefour, qui avait tendance à voir sa notation reculer lors des derniers relevés, redresse en partie la situation. L’an dernier, l’enseigne pouvait peiner à briller dans le calcul d’un indice qui, il est vrai, ne tient pas compte, entre autres, des promotions sur les lots, virtuels ou non (ce qui n’a pas empêché Géant de se distinguer ce semestre). Reste que depuis janvier, Carrefour matraque médiatiquement sur la baisse de milliers de produits de marques et revendique une compétitivité comparable à Leclerc : son indice LinéairesPrix s’avère, de ce point de vue, décevant.

Intermarché : deux ans de retard

Concernant Intermarché, l’effort concurrentiel est patent : 0,7 point d’indice de mieux. Il était temps, l’enseigne n’ayant pas cessé de perdre du terrain en la matière depuis le second semestre 2002. Avec deux ans de retard, faut-il y voir le premier signe de la modération tarifaire tant promise par les Mousquetaires ? Il est vrai que piloter un réseau d’indépendants est toujours plus délicat qu’un groupe de magasins intégrés de ce point de vue. Témoin de l’hétérogénéité du parc dont souffre encore l’enseigne, l’Intermarché de Roquebrune-sur-Argens (Var) détient un triste record : l’adhérent y place sans complexe ses prix… à un indice 118. Soit 14 % plus cher que la moyenne des Monoprix ! Le supermarché le plus cher de France à notre connaissance.
Si les associés de Système U ne connaissent pas les mêmes problèmes (en tout cas pas à la même échelle), il n’en demeure pas moins que le parc ne se montre pas vraiment à la hauteur de sa cote d’amour auprès des Français. Certes, avec un indice toujours inférieur à 100, les « U » ne trahissent pas la vocation de leur enseigne en matière de discount (« ni le plus cher, ni le moins cher »). Mais en l’espace de deux ans et demi, l’indice prix de Super U a tout de même grimpé de 0,8 point. Ce qui, paradoxalement, ne l’aura pas empêché de poursuivre son ascension en parts de marché.

Déséquilibre chez Casino

Entre 2000 et 2004, Cora et Match partagent la même tendance haussière, modérée mais régulière. Champion, après avoir réalisé des efforts colossaux en 2000 et 2001 suite à l’intégration des Stoc, semble depuis deux ans se satisfaire d’un « juste milieu » (entre 100,5 et 101) pas franchement digne de la deuxième enseigne de supermarchés en France. L’indice d’Atac se dégrade légèrement depuis deux semestres sans remettre toutefois en cause la tendance à l’amélioration des supermarchés du groupe Auchan depuis 2000.
Casino, pour sa part, reste cantonné à un peu glorieux 102 depuis trop longtemps. Une moyenne qui reflète mal le déséquilibre entre des magasins intégrés plus compétitifs et des franchisés mal positionnés, faute d’un tarifaire de la centrale suffisamment compétitif. Enfin, à défaut de verser dans le discount pur et dur, Monoprix sa franche propension à la modération des prix. En passant d’un indice de 106,6 fin 2002 à 103,9 début 2004, l’enseigne de Citymarchés a négocié un virage spectaculaire, espérant doper une croissance à magasins comparables atone. Gageons que même les clients réputés peu attentifs aux étiquettes lui en sauront gré.

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