EDITO : Profil bas
Il y avait les recalculés de l’Assedic. Il y a maintenant les "décalculés" de la taxe d’équarrissage. On se souvient de la médiatisation qui avait entouré l’annonce, par Jean-Louis Borloo, le ministre de la cohésion sociale, du déblocage d’un fond spécial (2,2 milliards d’euros) destiné aux demandeurs d’emploi injustement privés de leurs indemnités. On imagine pourtant mal, aujourd’hui, le gouvernement se fendre d’un tel mea culpa à l’égard des entreprises de distribution, ces « richissimes capitalistes qui font d’énormes profits en vendant de plus en plus de produits, de moins en moins chers (et il faut les croire) à de plus en plus de clients ». A vrai dire, à part le profil bas, quelle autre attitude adopter ?
Pour les distributeurs comme pour le gouvernement, qui ont déjà fort à faire avec les négociations en cours autour de la réforme de la loi Galland, l’affaire tombe au plus mauvais moment. Elle crée une interférence des plus nuisibles qui ne manquera pas de semer le trouble auprès de consommateurs déjà fort suspicieux à l’égard du commerce organisé. Quant aux instances européennes, qui ont fait plier Paris, nul doute qu’elles ne trouveront guère de soutien dans l’opinion à se porter ainsi au secours des distributeurs.
Accessoirement, et même si Nicolas Sarkozy n’aura pas eu la main sur ce dossier déjà trop avancé quand il s’installa à Bercy, cet épisode vient incontestablement ternir son bilan sur les quais de Seine. Nul doute qu’il aurait certainement rêvé meilleure porte de sortie.