Casino malmené en Bourse, malgré ses résultats

Casino malmené en Bourse, malgré ses résultats

Les résultats de Casino progressent aussi bien en France qu'en Amérique latine (à changes constants). Mais le plan de désendettement du groupe ne rassure toujours pas les analystes, de même que les transferts massifs de magasins déficitaires à des franchisés. Le cours de Bourse est au plus bas.

Le titre Casino cotait 53 euros début 2018. Il était déjà descendu à 35 euros fin juillet, avant la présentation des résultats semestriels. Il vaut aujourd'hui moins de 32 euros.

Les performances commerciales du Stéphanois, d'abord, sont pourtant encourageantes (à défaut d'être flamboyantes). En France, par rapport aux chiffres publiés l'an dernier, les ventes du semestre sont stables, pour la distribution "en dur" (+0,5%) comme pour Cdiscount (+0,6%). Le chiffre d'affaires de l'Amérique latine recule de 9,9%, en raison d'effets de change très défavorables.

Le résultat net revenant au groupe est toujours négatif (-63 M€), mais il se redresse (-86 M€ publiés au premier semestre 2017).

Le résultat opérationnel courant, qui donne à voir la performance économique des magasins, progresse selon la même comparaison de plus de 13% en France. Le retour à l'équilibre des hypermarchés Géant, plusieurs fois repoussé et promis pour 2018, n'est toutefois pas encore confirmé. Le distributeur se contente d'évoquer une "progression de la rentabilité des hypermarchés".

Les pertes de Cdiscount s'alourdissent (-23 M€, contre -19 M€ l'an dernier). Même amputé par les taux de change, le résultat opérationnel courant de l'Amérique latine reste quant à lui consistant, assurant à lui seul les trois quarts du ROC dégagé par le groupe.

Vente du siège de Saint-Étienne

Casino s'est par ailleurs engagé dans un plan de réduction de sa dette. Après les cessions de filiales étrangères (la vente des activités non alimentaires au Brésil est toujours en cours), le distributeur a annoncé en juin son intention de se séparer d'actifs supplémentaires, en France, pour une valeur de 1,5 milliard d'euros.

La moitié de ce nouveau plan devrait être finalisée avant la fin de l'année, estime Casino. Il a par exemple déjà cédé 15% du capital de sa foncière immobilière Mercialys (pour 213 M€) et vendu le siège du groupe à Saint-Étienne (pour 101 M€), qu'il occupera désormais comme locataire.

Le 8 août, un rapport de Bernstein a jeté un nouveau froid. Les analystes de la banque américaine soupçonnaient que les transferts massifs de magasins à des franchisés, ces dernières années, permettent à Casino de masquer une partie de ses déficits, en attendant de racheter les points de vente.

Le distributeur a évidemment réfuté ces accusations, mais a aussi livré quelques informations inédites pour mieux expliquer sa stratégie, il est vrai originale.

De précieux franchisés

Depuis 2015, 434 magasins "à résultat négatif" ont été transférés par "cohortes" à des partenaires, Casino conservant 49% du capital. Linéaires avait déjà calculé que la famille Zouari, premier master-franchisé du groupe, avait récupéré à elle seule 337 de ces sites, essentiellement des Franprix, Leader Price et supermarchés Casino.

Plus agiles et plus directement concernés par la rentabilité économique des actifs, les franchisés sont en général plus à même de relancer l'activité des points de vente. Ils peuvent aussi espérer réaliser une jolie plus-value, Casino se montrant enclin à racheter ensuite les parts des magasins redressés (sans que cela soit une obligation, insiste le groupe).

Pour l'ensemble des sites cédés, précise Casino, les pertes auront en moyenne été divisées par deux d'ici la fin de l'année. L'équilibre des joint-ventures créées est attendu pour 2020 (dès 2018 pour les premières cessions de 2015).

47 points de vente remis à flot ont déjà été repris par le distributeur et 30 autres le seront au cours du second semestre 2018. À l'inverse, faute de perspective, 16 magasins ont été fermés et 14 s'ajouteront à la liste dans les mois qui viennent.

Les résultats de Casino au premier semestre 2018

Chiffre d'affairesEvol.ROCEvol.Taux de marge
(ROC/CA)
Evol.
Total groupe17 816 M€- 4,2 %439 M€- 5,8 %2,5 %=
France retail9 310 M€+ 0,5 %136 M€+ 13,3 %1,5 %+ 0,2 pt
Amérique latine retail7 630 M€- 9,9 %326 M€- 10,4 %4,3 %=
Cdiscount876 M€+ 0,6 %- 23 M€- 21,1 %- 2,6 %- 0,4 pt

Source : Casino, S1 2018 ; évolutions vs données publiées au S1 2017.
ROC : résultat opérationnel courant.

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