Carrefour : panne de croissance en France
Les ventes de Carrefour en France sont en retrait au premier trimestre 2016. A magasins comparables, supermarchés et proximité sont en progression, tandis que les hypers affichent de nouveau un léger recul.
Carrefour a beau jeu d'insister sur le fait qu'il est un groupe multiformat et multipays. D'abord parce que c'est vrai, ensuite parce que la relance des hypers français, le format qui a toujours servi de thermomètre pour juger la performance du groupe, est une chose fragile.
2015 avait joliment démarré pour les hypermarchés français de Carrefour : 2,1% de croissance à magasins comparables au premier trimestre, hors essence et hors calendaire, après une année 2014 à -0,1%. Mais le tempo s'est ensuite ralenti les trimestres suivants (+0,5%, +0,7%), pour retomber en négatif sur la dernière période (-0,7%).
"Nous avons commencé à réagir"
Cette tendance faiblarde se confirme en 2016, avec -0,6% d'évolution, en comparable, pour les hypers français au premier trimestre.
"Nous avons pris bonne note de ce qui s'est passé l'an dernier, a admis Pierre-Jean Sivignon, le directeur financier de Carrefour (faisant allusion, sans la citer, à l'offensive promotionnelle de Leclerc). Nous avons commencé à réagir et nous y travaillerons encore plus à l'avenir."
Les supermarchés hexagonaux s'en sortent mieux : +0,7% en comparable. Les ventes étaient plus dynamiques en 2015 (+1,9%) et en 2014 (+1,6%), mais Carrefour se félicite d'enregistrer sur ce format "le sixième trimestre consécutif de hausse".
115 Dia convertis en trois mois
Même tempo pour la proximité : le distributeur souligne la progression à magasins comparables (+1,1%), même si les années précédentes étaient plus enthousiasmantes (+2,7% en 2015, +6,1% en 2014).
115 magasins Dia ont adopté un concept Carrefour au cours du premier trimestre 2016, portant à 267 unités le parc de points de vente convertis : 71 City ou Express, 95 Contact, 50 Contact Marché (un nouveau concept de bataille pour les Dia incompatibles avec la proxi classique), 47 Market et 4 Carrefour Bio.
Il reste encore à Carrefour 381 magasins Dia à convertir.
Le chiffre d'affaires du e-commerce (drives et Rue du Commerce) dépasse les 300 millions d'euros sur le trimestre.
Au final, Carrefour doit se contenter de ventes stables en France, à magasins comparables, sur le premier trimestre 2016. L'évolution totale, carburants inclus, est de -1,8%. Le distributeur fait mine de s'en satisfaire en rappelant que le premier trimestre 2015, qui sert de base de comparaison, était lui très positif (+2,5% à magasins comparables en France).
"Nous sommes dans la course, a commenté Pierre-Jean Sivignon. Nous continuons d'investir dans les assortiments, les rénovations de magasin et l'omnicanal. Cette constance est clé."
Les ventes de Carrefour en France
Source : Carrefour, ventes du premier trimestre 2016. Evolution totale et à magasins comparables, hors essence et hors effet calendaire. |
Carrefour n'a pas besoin de forcer le trait, en revanche, pour se réjouir de ses résultats dans le reste de l'Europe. A magasins comparables, tous les pays sont dans le vert : +4,5% en Italie, +3,4% en Espagne, +1,0% en Belgique, notamment.
"La zone redevient une source de croissance additionnelle pour Carrefour", s'est réjoui Pierre-Jean Sivignon.
En Amérique latine, l'effet désastreux des taux de change masque la bonne performance commerciale des magasins du groupe (+9,9% en comparable au Brésil, +23,6% en Argentine).
En Asie, enfin, les ventes en comparable progressent pour le cinquième trimestre consécutif à Taiwan (+8,4%), mais sont loin de compenser les mauvais résultats de la Chine (-8,4%).
Le chiffre d'affaires du groupe
Source : Carrefour, ventes du premier trimestre 2016. Evolution totale et à magasins comparables, hors essence et hors effet calendaire.
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