Carrefour et Casino : je t'aime, moi non plus

24 septembre 2018 - B. Merlaud

Jean-Charles Naouri et Alexandre Bompard (montage Linéaires)

Un jeu de séduction qui aura mal tourné. Voilà, en substance, comment résumer les échanges des derniers jours entre Casino et Carrefour. Le premier se flatte d'avoir reçu une proposition de rapprochement mais fait savoir qu'il l'a refusée. Le second, qui prend très mal cette médiatisation, dément avoir formulé de vraies avances.

Casino est victime depuis des mois d'attaques spéculatives qui poussent le titre à la baisse. Ses plans de désendettement successifs peinent à rassurer les analystes et la capitalisation boursière du distributeur n'est plus qu'un pâle reflet de la véritable valeur du groupe.

Avec une action qui cote 36 euros, Casino ne "vaut" plus que 4 milliards d'euros. Rien que pour son très profitable parc de magasins urbains, c'est une bouchée de pain. En 2000, avec deux fois moins de chiffre d'affaires, la capitalisation boursière du distributeur dépassait les 10 milliards d'euros.

C'est peu dire que Casino a besoin d'annonces qui peuvent relancer son cours de Bourse. La perspective de la vente au compte-gouttes d'une vingtaine d'hypermarchés déficitaires en France, évoquée devant les analystes de Kepler Cheuvreux, en était une. La signature d'une nouvelle ligne de crédit auprès des banques pour la holding Rallye, qui éloigne la menace d'une crise de l'endettement, en était une autre.

Les deux informations, à elles seules, ont fait passer le titre de 32 à 36 euros. Ce matin, Casino n'a donc pas résisté à la gourmandise et a entrepris de porter sur la place publique les manœuvres de Carrefour.

"Casino a été sollicité depuis quelques jours par Carrefour en vue d'une tentative de rapprochement", révèle le groupe dans un communiqué de presse. Tentative qui aurait été suffisamment concrète pour justifier la réunion en urgence, dimanche 23 septembre, du conseil d'administration du groupe. Conseil qui a "décidé à l'unanimité de ne pas donner suite à cette approche".

On pourra discuter de l'élégance du procédé, mais il n'en va pas des affaires économiques comme de la vie amoureuse. Casino joue son jeu sans états d'âme et il a raison. Montrer que son groupe est désirable aux yeux d'un concurrent doit pouvoir doper (un peu) l'attractivité du titre en Bourse.

Chez Carrefour, évidemment, on s'offusque. Une rencontre entre Alexandre Bompard et Jean-Charles Naouri n'est pas formellement démentie, mais aucune proposition de rapprochement, dit-on, n'a été présentée. Casino serait donc allé un peu vite en besogne en se gargarisant d'une offre qui lui aurait été faite.

"Carrefour examine les voies de droit à sa disposition à même de faire cesser ces insinuations inacceptables", prévient le distributeur.

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