Le cours de Bourse de Carrefour s'est redressé de 10% depuis la publication de ses résultats semestriels. Malgré des pertes nettes astronomiques de 861 millions d'euros enregistrées en six mois. L'explication ? La promesse de voir dès le second semestre les effets du plan de relance du groupe.

La présentation des résultats semestriels de Carrefour, fin juillet, a fait repasser le titre au-dessus des 15 euros (pour mémoire, la cote dépassait les 19 euros début 2018).

Les chiffres, pourtant, étaient loin d'être tous glorieux. Après avoir enregistré un résultat net négatif de 531 millions d'euros pour l'année 2017 (celui-là même qui justifiait les suppressions de postes et les fermetures de magasins), Carrefour accuse 861 millions d'euros de pertes nettes pour le seul premier semestre 2018.

Des marges divisées par 2 en France

Le résultat opérationnel courant, qui mesure au plus près la performance économique des magasins, recule de 45% en France alors que les anciens magasins Dia déficitaires fermés ou cédés à fin juillet ne sont même plus comptés dans les activités poursuivies en 2018. Toujours la faute, selon le distributeur, à "un environnement de marché compétitif".

À magasins comparables, les ventes des hypermarchés cèdent 1,0% au 2e trimestre (-2,3% au 1er trimestre). Les supermarchés sont à l'arrêt (+0,1% au 2e trimestre, contre +1,6% au 1er trimestre) et la croissance de la proximité ralentit (+2,2%, contre +3,0% au trimestre précédent).

Parmi les mesures d'économies prises dans l'Hexagone, outre les fermetures d'ex-Dia, Carrefour a revu ses assortiments à la baisse (-4% de références) et réduit ses stocks. Il a aussi commencé à réaffecter des mètres carrés d'hypermarchés, en créant 5 "outlets" (qui centralisent des stocks non-al pour les brader) et 2 "dark stores" (préparation de commandes drive). 7 outlets supplémentaires sont attendus au second semestre, ainsi que les premières reconversions de mètres carrés d'hypers en cellules de galerie marchande, selon un modèle déjà adopté par Casino.

Priorité au e-commerce

C'est également au second semestre, annonce le distributeur, que les premiers gains (au sens comptable) des plans de départ volontaire seront visibles. Et l'alliance aux achats avec Système U sera opérationnelle à partir de la rentrée, avant le démarrage des négociations annuelles 2019.

Pour ses investissements, plus "sélectifs" (ils ont baissé de près de moitié à l'échelle du groupe, hors foncière immobilière), Carrefour donne la priorité en France au e-commerce. Le site marchand unique ("One Carrefour", en interne) devrait être lancé au second semestre, la livraison express sera étendue à 15 villes (9 aujourd'hui) et de nouveaux drives seront ouverts. Les deux entrepôts de préparation de commandes (Lyon, Paris) vont monter en puissance et poursuivre leur automatisation progressive.

À l'international, la hausse du résultat opérationnel courant est masquée par des effets de change négatifs. L'Amérique latine, en particulier, reste la cash machine du groupe, avec des marges opérationnelles en forte augmentation (+28% à changes constants), presque huit fois plus élevées qu'en France.

Le chiffre d'affaires de Carrefour au premier semestre 2018

Source : Carrefour, S1 2018 ; activités poursuivies, évolution vs S1 2017.

Les marges opérationnelles de Carrefour

Source : Carrefour, S1 2018 ; résultat opérationnel courant des activités poursuivies, évolution vs données publiées pour le S1 2017.