Carrefour cède 80 % des parts de sa filiale chinoise au groupe chinois Suning.com. Après Auchan en Italie, un symbole de plus de la débandade des distributeurs français à l’international.
Après la cession par Auchan de ses 1600 magasins italiens le 14 mai dernier, Carrefour fournit un nouvel épisode de la débandade des distributeurs français à l’international. Carrefour a annoncé le 23 juin céder 80 % de ses parts dans sa filiale chinoise au groupe chinois Suning.com. Le distributeur espère en obtenir 620 M€. « La forte complémentarité entre les activités de Carrefour Chine et de Suning.com permettra d’accélérer le développement de Carrefour Chine, indique-t-on chez Carrefour. Le groupe Carrefour conserve 20 % du nouvel ensemble et 2 sièges sur 7 au conseil de surveillance de Carrefour Chine. »
A moyen terme, l’opération pourrait néanmoins se solder par un départ pur et simple de Carrefour de Chine. Les deux parties pourront en effet exercer une option de vente ou d’achat des 20 % restants entre 2022 et 2024.
L’arrivée de Carrefour en Chine était pourtant l’une des étapes les plus marquantes de son histoire. Depuis 1995, le Français avait bâti un réseau de 210 hypers (et 24 magasins de proximité).
CA à - 10 % en 2018
Carrefour s’est délesté d’une filiale symbolique mais en difficultés récurrentes. Les ventes de Carrefour Chine ont reculé de 10 % l’an dernier (- 5,9 % à magasins comparables), à 3,65 Mds € HT. Le résultat opérationnel courant affichait une perte de 32 M€ (déjà - 72 M€ en 2017). Au premier trimestre 2019, Carrefour Chine était toujours mal en point, avec des ventes en recul de 4,4 % à parc comparable (hors carburant). Un « puissant » programme de réduction des coûts et de fermetures de magasins déficitaires avait été engagé.
Dans son communiqué, Carrefour précise que Suning.com est un leader de la distribution chinoise, avec plus de 8881 magasins dans plus de 700 villes ainsi que la troisième plateforme de e-commerce B2C du pays.
La cession devrait être effective d’ici la fin de l’année 2019.
International : où reste Carrefour ?
Hors France, la présence de Carrefour en Europe se limite à... cinq pays, six en incluant son réseau symbolique au Luxembourg. La dernière saignée a eu lieu en 2016. Dans la foulée de la faillite de son gros partenaire grec Marinopoulos, la bannière Carrefour a quitté non seulement la Grèce mais aussi les pays où Marinopoulos l’avait implantée : Albanie, Macédoine, Bulgarie, Chypre. En 2018, les derniers Carrefour slovaques (affiliés) ont fermé. Symbole des ambitions avortées du groupe : son aller-retour aussi rapide que piteux en Russie en 2009.
En Amérique du Sud, le Français s'est recentré sur ses deux marchés historiques : le Brésil (depuis 1975) et l’Argentine (1982). Chili, Mexique et Colombie sont passés à la trappe. Même purge en Asie où le groupe s’était recentré sur la Chine, Taïwan et, via un affilié, l’Indonésie. Parmi les échecs marquants : le Japon (2005), la Corée (2006), l’Inde (2014) et donc désormais la Chine (2019).
L’enseigne continue de se développer en Afrique, en Turquie, au Moyen-Orient et dans le Caucase. Une présence en trompe l’oeil. Ces magasins appartiennent à des partenaires, Sabanci (Turquie) et Majid Al Futtaim en tête.
En 15 ans, les pays quittés par Carrefour
(Implantations en propre et via des partenaires)
Chili (2003), Mexique (2005), Japon (2005), R. Tchèque (2005), Corée du Sud (2006), Suisse (2007), Russie (2009), Thaïlande (2010), Portugal (2011), Singapour (2012), Colombie (2012), Malaisie (2012), Inde (2014), Syrie, Grèce (2016), Chypre (2016), Bulgarie (2016), Albanie (2016), Macédoine (2016), Kazakhstan (2017), Slovaquie (2018), Chine (2019, cession en cours de 80 % des parts)
