Quel sera l’impact sur les marges de l’offensive commerciale ?

Carrefour au tournant

8 avril 2004 - Bertrand Gobin

Surexposition de l’offre premier prix, développement des gammes PCI (également appelées HDL), intensification de la promotion des MDD : la vaste opération engagée en hypers et supers va, de toute évidence, peser sur la structure des ventes de Carrefour. On vérifiera le 27 avril, lors de l’assemblée générale du groupe, si les actionnaires s’inquiètent de la dégradation de valeur que cette politique commerciale agressive peut provoquer.
« C’est une stratégie qui va nous permettre de faire venir les clients, puis d’augmenter les volumes, puis le chiffre d’affaires » a simplement indiqué Daniel Bernard, lors de la présentation des résultats 2003. Autant le patron de Carrefour est disert sur les (grands) moyens déployés en France pour reconquérir les parts de marché perdues, autant il évite d’évoquer l’impact que les baisses de prix des produits « contrôlés » peut avoir sur les marges de l’entreprise.

Luc Vandevelde, nouvel homme fort

Pour l’année écoulée, le groupe a présenté des résultats en ligne avec les objectifs annoncés. Le chiffre d’affaires HT a progressé de 2,6 %, à 70,486 milliards d’euros. Le résultat net courant part du groupe après amortissement des survaleurs s’est établi à 1,620 Mds, en progression de 16,6 %. Pourtant, Carrefour est à un tournant. Et pas seulement au niveau de ses performances.
La prochaine assemblée générale du groupe sera marquée par l’arrivée d’un nouvel administrateur : en l’occurrence Luc Vandevelde. Il occupera le fauteuil de Paul-Louis Halley, décédé en décembre, et sera le représentant des intérêts d’une famille qui, forte de ses 11,5 % du capital, est le premier actionnaire du groupe. Suite à la fusion Carrefour-Promodès de 1999, Luc Vandevelde avait occupé quelques mois le poste de n°2 du nouveau groupe. Son départ avait été interprété comme le reflet de ses difficultés à travailler dans l’ombre de Daniel Bernard.
Aujourd’hui, après un crochet remarqué chez Marks & Spencer, celui dont Paul-Louis Halley avait fait son dauphin, revient donc chez Carrefour. De la relation qu’il entretiendra avec Daniel Bernard dépendra très certainement la pression que celui-ci subira de son conseil d’administration. On se souvient qu’en novembre 2003, dans l’interview exclusive qu’il accordait à Linéaires, l’influent Denis Defforey, l’un des fondateurs de Carrefour, prenait quelques distances avec la politique suivie par l’actuelle direction du groupe. Des divergences de vue qui nourrissent aujourd’hui des interrogations légitimes quant à la confiance du pacte d’actionnaires vis-à-vis du PDG.

Extensions : 170 000 m² supplémentaires

En France, l’expansion des surfaces de vente a contribué à plus de 40 % des 1,7 point de croissance du chiffre d’affaires enregistré sur l’année. Et clairement, les extensions de magasins sont un levier essentiel sur lequel Carrefour compte s’appuyer pour regagner des parts de marché sur l’Hexagone. L’an passé, 136 000 mètres carrés supplémentaires ont été ouverts hors hard-discount dont 40 000 en hypers. Pour 2004, les autorisations en cours d’obtention devraient porter sur un total de 170 000 m² (40 000 m² pour Carrefour, 100 000 m² pour Champion et 30 000 m² pour la proximité). « En 2005, a prévenu Daniel Bernard, il nous faudrait monter à 200 000 m² ».

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