Des cars entiers d’Anglais ! Lorsque Carrefour Coquelles a ouvert ses portes, à l’embouchure du Tunnel sous la Manche, c’était un défilé permanent de cars estampillés « GB » sur le parking. Leurs passagers étaient occupés, eux, à remplir leurs chariots de vins, bières et alcools. Si le phénomène existe toujours, le soufflet s’est un peu dégonflé. « En deux ans, les Britanniques ont vu leur pouvoir d’achat en France baisser de 15 % », constate Christophe Benoît, le directeur. La parité Livre/Euro n’évoluant pas en leur faveur, les Anglais ont effectivement tendance à rester chez eux, d’autant plus que les grands surfaces anglaises, devenues plus agressives, ne ménagent pas leurs efforts pour retenir leurs concitoyens. En fait, le sort ne cesse de s’acharner sur Calais. Suppression du duty free en 1999, augmentation des tarifs des traversées, par ferry ou via le tunnel sous la Manche, peur des attentats accrue depuis le 11 septembre : les freins se multiplient. La période faste où les Anglais pouvaient rentabiliser des trajets à prix cassés (1 €) rien qu’en effectuant quelques achats en duty free est belle et bien finie ! Conséquence : le trafic des ferries a reculé de presque 10 % en 2003. Pire, les cigarettes, deuxième facteur de motivation légitimant le déplacement, ont augmenté de 45 % en deux ans. Aujourd’hui, les Anglais se tournent plutôt vers la Belgique. Histoire de se ravitailler en cartouches à bon prix, voir même en carburant, lui aussi moins cher.

Les boissons : 40 % du chiffre

Bref, pour maintenir son chiffre d’affaires, Carrefour Coquelles accentue sa politique de recrutement de consommateurs 100 % français en travaillant son image discount. « S’agissant de l’Opus, nous sommes fréquemment leader sur Calais », se félicite Christophe Benoît. Reste maintenant à en informer largement les Calaisiens. Tout en conservant un linéaire attrayant pour les Anglais de passage, qui constituent encore la moitié de sa clientèle. Tout de même ! Car, heureusement, les différences de taxes sur les vins et les alcools restent suffisamment intéressantes pour continuer à attirer les Britanniques à Calais. Les liquides représentent d’ailleurs 40 % du chiffre d’affaires hors carburant de Carrefour Coquelles. Plus du tiers de la surface de vente alimentaire est consacrée aux boissons, soit cinq allées complètes de ce 10 200 m2 ! Avec 800 à 1 000 références de plus que dans un Carrefour de superficie comparable, le rayon liquide cumule les spécificités. Parmi lesquelles le nombre surprenant de magnums de champagnes, vodkas, whiskies, gins, etc. « Les Anglais sont friands de gros conditionnements », commente le directeur. A 23,49 € le litre et demi de vodka Smirnoff ou encore 45,22 € le magnum de champagne Moët & Chandon, les effets sur le chiffre d’affaires sont évidemment appréciables. Autre originalité, les cannettes de bière format 50 cl, auquel sont habitués les Britanniques, occupent une gondole entière. Des marques typiquement anglaises comme Boddingtons, Eku, Caffrey’s, John Smith’s ou encore Beck’s Grolsch y côtoient les standards français. La cave à vins fait également l’objet d’un soin tout particulier et permet à Carrefour de lutter contre la concurrence du Tesco – le seul sur le sol français - présent dans le même centre commercial et dont l’assortiment se compose quasi exclusivement de liquides. Ce dernier possède effectivement des arguments choc pour séduire les Anglais. Pour une majorité de références, une affiche résume clairement la différence de prix avec le tarif anglais . Laquelle peut atteindre 50 % ! « En outre, nous proposons d’autres produits, en dehors des alcools et des vins, très appréciés des Britanniques, comme l’huile d’olive, les lessives en conditionnements familiaux, les pâtes molles pasteurisées, les fleurs coupées, etc. », ajoute-t-on chez Carrefour. Et toc !